Niger: Une Crise Humanitaire aux facteurs multiples

écrit par Augustin Jagu, S5FR, Lënster Lycée international school

Le Niger traverse une crise humanitaire sans précédent, aggravée par attaques terroristes, de récurrentes crises alimentaires, des catastrophes climatiques et un afflux massif de réfugiés des pays voisins. 

Les infrastructures de base, dont notamment le système de santé ou même le gouvernement sont sous une pression énorme. Le putsch de juillet 2023 souligne l’instabilité politique du Niger, qui n’est donc pas en mesure de gérer seul les crises humanitaires. En dépit des efforts des organisations humanitaires, les besoins dépassent largement les ressources disponibles, et le pays ne fait que s’enfoncer dans une crise, qui semble sans fin.

Le Niger est situé dans le Sahel, une région extrêmement instable, entouré par des pays en conflit comme le Mali ou le Burkina Faso. Les attaques de groupes armés et les affrontements intercommunautaires ont poussé des centaines de milliers de Nigériens à fuir leur domicile.

En effet, des organisations terroristes sont ancrées dans la région. Les interventions militaires occidentales comme celle de Barkhane au Mali, n’ont pas eu l’effet escompté et n’ont pas restauré durablement la paix au Sahel. Les forces européennes et notamment françaises ont été expulsés en 2022. Ce sont des mercenaires qui leurs ont succédé, notamment venus de Syrie pour y fuir la guerre civile.

Ces attaques terroristes ont comme principal impact, d’énormes déplacements de populations, qui fuient la guerre dans leur propre pays. D’après l’OCHA (Bureau de la coordination des affaires Humanitaires de l’ONU), plus de 350 000 déplacés internes vivent dans des conditions précaires, sans abri ni ressources ou dans des camps régulièrement attaqués par des terroristes ou groupes armés. Nous pouvons prendre comme exemple la récente attaque jihadiste qui a fait 44 morts dans le sud-ouest du Niger, le vendredi 21 mars 2025.

L'insécurité rend difficile l'accès aux services de base, notamment la santé. Dans certaines zones, les centres de soins sont désertés par le personnel médical ou ont été détruits, privant les populations de toute assistance sanitaire. Nous pouvons par exemple prendre l’exemple du bureau de Médecins sans frontière attaqué par des terroriste en 2019.

En plus des déplacés internes, le Niger accueille plus de 364 000 réfugiés fuyant les conflits dans les pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso et le Nigeria. Ces réfugiés s'installent souvent dans des camps surpeuplés où l'accès à l'eau, à l'alimentation et aux soins médicaux est limité. De plus, ces camps sont très vulnérables aux attaques car situés proches des frontières.

Le Niger est l'un des pays les plus touchés par l'insécurité alimentaire, qui est elle-même aggravée par les crises climatiques. En 2022, plus de 300 000 personnes ont été touchées par des inondations qui ont détruit des habitations, des infrastructures et des récoltes. Le pays est également victime de graves sécheresses, phénomènes accentués par le réchauffement climatique.

 Actuellement, 3,3 millions de Nigériens sont en situation de crise alimentaire, un chiffre qui ne cesse d'augmenter, tout comme le pourcentage d’émaciation, ou malnutrition chez les enfants.

Ces derniers sont les premières victimes de cette crise. Près de 61 % des enfants de moins de cinq ans souffraient de malnutrition chronique en 2022.

Un système de santé à bout de souffle

Le système de santé nigérien est sous-financé et insuffisamment équipé pour répondre aux besoins de la population, encore moins à ceux des déplacés et réfugiés. De nombreuses régions sont dépourvues de centres de soins, obligeant les malades à parcourir de longues distances pour consulter un médecin. La carte sanitaire du Niger donne comme approximation qu’environ 43% de la population vit à plus de 5 kilomètres d’une quelconque infrastructure de santé.

Même lorsque des infrastructures existent, elles souffrent d'un manque chronique de médicaments, de matériel et de personnel médical. Cette situation met particulièrement en danger les femmes enceintes, les enfants et les personnes âgées, qui ne peuvent être soignés correctement.

Les conditions de vie dans les camps de réfugiés et de déplacés internes favorisent la propagation de maladies. Le paludisme, la rougeole et le choléra font régulièrement des ravages.

En 2020, une épidémie de choléra a touché plus de 5 000 personnes et fait plusieurs centaines de victimes. La rougeole reste une menace majeure, notamment pour les enfants non vaccinés vivant dans des conditions précaires.

Une urgence humanitaire qui nécessite une réponse globale

La crise humanitaire au Niger est le résultat d'un enchevêtrement de facteurs : activités terroristes, afflux massif de réfugiés, insécurité alimentaire et défaillance des services de base. Le système de santé, déjà fragile, n’est aujourd'hui pas en mesure de répondre aux besoins croissants de la population, mettant en danger des millions de vies.

Si les organisations humanitaires tentent de limiter l'impact de la crise, une mobilisation internationale accrue et un engagement plus fort des autorités locales sont indispensables pour éviter une catastrophe encore plus grande.


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